Missions

Avec l’émergence de la chémobiologie, de nombreuses sondes ont été conçues afin de suivre en temps réel les processus métaboliques dans des systèmes biologiques. Une grande majorité d’entre elles correspondent à des sondes off-on détectées par imagerie, qui utilisées in vitro ou in vivo, ont considérablement amélioré notre compréhension du fonctionnement des organismes vivants. Ciblant un large éventail d’espèces chimiques – allant des ions aux complexes protéiques – avec une résolution spatiale fine, ces outils bioorthogonaux ont permis d’« allumer » des anomalies cellulaires, et ce, même au sein de tissus profonds (sup. 1 mm). Alors que ces sondes ont offert de nouvelles perspectives en termes de diagnostic et pronostic médical, leur utilisation chez les mammifères reste limitée en raison de leur toxicité, leur faible stabilité et des verrous liés à leur pharmacocinétique et leur biodistribution.
Dans ce cadre, une équipe réunissant chimistes, biochimistes et biologistes de l’IC2MP, labellisée par la Ligue Nationale Contre le Cancer, travaille sur un nouveau concept, appelé volatolomique induite, qui via la conversion de sonde permet de mettre en évidence des spécificités enzymatiques du microenvironnement tumoral. S’appuyant sur ces spécificités, l’équipe a démontré in vivo, que cette stratégie avait un réel intérêt pour le diagnostic et le suivi des cancers solides.
Dans ce contexte, l’objectif de ce projet consistera à transposer la volatolomique induite pour la caractérisation des processus et phénotypes cellulaires concomitant au développement d’une tumeur primaire, voire à sa propagation. Etant donné le rôle des glycosidases ici ciblées dans les processus inflammatoires, l’activité de ces enzymes pourrait varier suivant qu’une inflammation aigüe, chronique de bas grade ou de grade sévère, se met en place. En effet, une modification de l’activité glycolytique induit une hypo- ou une hyper- glycosylation des glycoconjugués qui eux-mêmes jouent un rôle central dans les processus d’adhésion intercellulaire intervenant dans les processus de reconnaissance des lymphocytes avec les antigènes cellulaires, mais également dans la mise en place de processus inflammatoires chroniques tels que la cancérogénèse ou encore du développement de métastases. Ainsi, des essais sur biopsies et cultures cellulaires seront réalisés afin de déterminer l’origine cancéreuse ou immunitaire des enzymes présentes dans le microenvironnement tumoral et d’émettre des hypothèses quant aux mécanismes cellulaires qui précèdent et conduisent à la présence de celles-ci sur le site tumoral. Des modèles impliquant des co-cultures cellules cancéreuses/cellules immunitaires seront développés afin d’évaluer l’impact des interactions entre ces cellules sur la sécrétion des enzymes. Enfin, l’activité glycolytique extracellulaire des cellules cancéreuses sera évaluée lorsque celles-ci seront stimulées ou non, afin d’induire une transition epithélio-mésenchymateuse. Cette activité sera corrélée à leur phénotype épithélial ou mésenchymateux (expression E-cadhérines, N-cadhérines, vimentine par immunofluorescence et qPCR).
En parallèle, un nouveau concept de théranostique, combinant thérapie et diagnostic, sera développé. Ce dernier devra ainsi libérer simultanément un agent anticancéreux et un marqueur volatil prédictif de son efficacité.
Le candidat ou la candidate intègrera l’équipe de recherche labélisée par la Ligue contre le Cancer de l’IC2MP.(CNRS UMR 7285). Les missions du projet seront :
– de développer des modèles de cultures cellulaires afin d’identifier les phénotypes cellulaires impliqués dans la sécrétion des glycosidases
– de réaliser des expérimentations animales afin de valider le concept de théranostique.

Activités

Le ou la postdoctorant.e:
– réalisera les études in vivo (animaux) et cliniques (plasma sanguin, biopsies)
– réalisera les essais in vitro (culture cellulaire) visant à évaluer la pertinence de sondes dans le cadre de l’exploration de processus métaboliques spécifiques de différents phénotypes cellulaires

Compétences

Le ou la candidat.e doit posséder un doctorat en biologie cellulaire dans un domaine associant dans la mesure du possible les sciences omiques. Des connaissances sont souhaitées en :
– Biochimie moléculaire et métabolique
– Biologie cellulaire
– Enzymologie
– Culture cellulaire
– Analyse par GC-MS des COVs
– Analyse par LC-MS des protéines
– Aptitude à travailler avec des animaux
– Qualité rédactionnelles, capacité à publier et valoriser des travaux de recherche
– Aptitude au travail en équipe
– Une bonne maîtrise de l’anglais est requise.

Contexte de travail

Ce projet de recherche sera réalisé à l’Institut de Chimie des Milieux et Matériaux de Poitiers (IC2MP). L’IC2MP est un laboratoire de recherche interdisciplinaire hébergé par le CNRS et l’Université de Poitiers (https://ic2mp.labo.univ-poitiers.fr/)

Contraintes et risques

Exposition aux produits chimiques
Expérimentation animale (souris)